Louka
a choisi de naître dans une maternité qui n'était pas
mon choix initial. La vie s'arrange pour rectifier les choses. Je fus donc
hospitalisée en urgence dans une première maternité dont
je réprouvai fortement la politique d'hospitalisation. Lorsque nous
fumes transférés au CHU Nord, je sentis tout de suite que ce
lieu était meilleur, et il devint mon choix, notre choix. Il paraît
que plusieurs de mes ancêtres étaient nés sur la terre
de ce quartier.
C'est très naturellement qu'un site y prit forme, comme une invitation à planter
quelque chose en ce lieu, puisque je choisissais l'offrande, l'ouverture et
l'aventure pour manifester mon désir de rester là. Sans doute
est-ce ma façon de témoigner, en chemin, de ce que j'ai rencontré.
Entrer en maternité, c'est apprendre à perdre et à trouver,
c'est apprendre à transmuter des choses qui se périment pour
donner vie autrement.
Je me suis documentée sur l'impact du traumatisme de la naissance, suffisament
pour choisir pour Louka une naissance harmonieuse, et résorber en moi-même
mes propres séquelles.
Pourtant, c'est ailleurs que je fus amenée à expérimenter
deux types de schémas sociaux : un lieu où la hiérarchie
verrouille le dialogue, où le pouvoir de décision est tronqué au
profit d'un certain contrôle de la part de ceux qui se l'approprient,
et puis un lieu ouvert à l'échange naturel, spontané des
individus, et où les choses grandissent selon le respect de leur propre
choix.
Puissent les enfants qui viennent, grandir au sein de tels schémas.
Puissent les femmes qui les accompagnent dans leur naissance, être à leur
tour accompagnées de cette façon-là qui respecte la vie.
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