" Lorsque je suis entrée chez toi, je n'ai rencontré personne. J'ai juste donné un simple regard pour me reconfirmer le lieu. Le ressenti dans le lieu. J'ai marché lentement, comme avec toi lorsque tu m'as emportée dans tes pas. J'ai marché seule, jusqu'au fond de l'appartement. C'est cet espace-là que tu m'as réservé pour que je m'y prépare.

Je ne m'arrête pas encore vraiment dans la chambre, il me faut d'abord de l'eau, des miroirs, d'autres vêtements peut-être, il me faut une autre nudité. Celle dans laquelle tu entreras. Celle que tu feras tienne.

Ce n'est que lorsque je serai dans une nudité exacte que je viendrai dans la chambre, que je forcerai mon corps à en investir l'espace entier, le silence entier, l'attente entière. Que je forcerai mon corps présent à être de la même chair, de la même substance, que ton corps absent.

Je serai avec toi dans ton absence. A nouveau je banderai mes yeux. A nouveau je laisserai parler ta voix. Ou la mienne. Ou une musique. Peu importe. Je laisserai parler ce qui m'amènera jusque dans la chambre vénitienne. Et quand mon sexe sera béant vers toi et ma volonté anéantie, alors je serai prête.

Alors, sans que je t'aie vu venir vers moi, ni peut-être entendu, tu t'imposeras soudain à mon corps inerte, et tout entier offert. Je te serai abandonnée, mais lorsque ton sexe entrera dans le mien laissé ouvert, tu me réanimeras. "