" C'était comme une graine semée pour plus tard. Tu ne me rendais que aimante, que de plus en plus aimante, jusqu'au vertige, jusqu'à entendre à nouveau cette voix d'ange, mais qui cette fois parlait par ma bouche et jusqu'à toi, et infatigable.
Je m'entêtais à rendre ce que l'on m'avait un jour donné, cet amour infatigable, cet amour inconditionnel qui accompagne de loin, et presque malgré l'autre qui s'y refuse de toute son âme, et à la fois le réclame de toute son âme, l'engloutit comme un damné.
Et je me suis laissé sucer, aspirer cet amour. Et si tu ne venais pas assez à moi le réclamer, c'est moi qui allais vers toi, contre toi s'il le fallait.
Mais j'ai voulu t'en repaître de mon amour : non ... pas mon amour ... juste le souffle de cette voix d'ange qu'il nous est parfois donné de recevoir et de transmettre.
Je t'ai aimé inlassablement, de toute cette voix d'ange qui me soutenait, m'exhortait à ne pas renoncer, ne pas plier devant l'ingratitude. Celle-là même que j'avais jusque-là déployée en obstacle à l'autre, en obstacle à l'amour, en obstacle à la vie, en obstacle au passé, en obstacle au futur.
Et de tout cet amour, j'aurais voulu à présent pouvoir faire reculer tout ton manque d'amour, tout ton manque de passé, tout ton manque de futur.
J'aurais voulu, tout simplement, guérir je ne savais quelle blessure grave dont tu perpétuais encore en toi-même le sacrifice rituel, d'en réouvrir la plaie pour qu'elle ne cicatrise pas.
Et même, sans connaître la blessure, c'est contre elle que je guerroyais, et non contre toi. Toi, tu ne recevais que mon immense amour. Réparateur. "